L’Ordre du jour, d’Eric Vuillard, prix Nobel 2017, un bref opus, pour une fois, d’habitude les prix de la rentrée sont des pavés. Le sujet est très simple, un rien de politique fiction et beaucoup, beaucoup de recherches historiques. Vuillard, avec le petit air de ne pas y toucher, rhabille les alliés pour l’hiver, et très chaudement, ce qui explique peut-être l’accueil un rien froid d’une certaine intelligentsia, dont font partie ceux qui savent, les thuriféraires de la bien-pensance officielle. Vuillard remet à sa juste place les « crimes » de la méchante Allemagne. On y voit les complicités de l’économie déjà mondiale, la lâcheté des uns des autres, le désespoir des « coupables ». Petit ouvrage subtile et jouissif pour l’historien ou l’iconoclaste quasi professionnel que peut être votre serviteur. Le style est alerte, sophistiqué sans qu’il n’y paraisse, parfaitement rythmé. Enfin UN Goucourt à glisser dans toutes les bibliothèques.
Le voyage à Paris, de Raphaël Aubert, chez
art&fiction, un titre à la Borgeaud pour un précieux livre, un très bel
objet, l’hommage d’un fils à son père, Pierre Aubert, peintre et graveur. Le
fils nous emmène dans ses souvenirs familiaux, nous ouvre à l’intimité de son
père, relate des extraits des notes de voyage de ce dernier et, surtout, nous le
laisse suivre dans son « voyage à Paris ». Il s’agit d’un leporello,
vingt croquis au stylo, du 29 novembre au 2 décembre 1968, des scènes attrapées
sur le vif, un Paris trop beau pour être vrai. Aubert
fils nous fait revivre la ville avec minutie, une précision d’enquêteur, pas un
élément qui ne soit lancé à la légère, la reconstitution est exacte !
Comment expliquer mon émerveillement à retrouver ce Paris que j’ai eu aimé mais
que je n’aime plus. Mon dernier séjour était un cauchemar, un hôtel en
pseudo-chic péteux, minable au final, la pression de la foule, partout, écœurante,
répugnante. Les mots du fils, les dessins du père m’ont profondément émus,
retrouver une personne que l’on croyait … morte. Et quand bien même elle le
serait, laissez-moi, encore un instant, serrer sur mon cœur ces quelques belles
pages, plus qu’un souvenir.
Poussière
demain,
sous-titré « Les aventures d’Europe : de Zeus à l’UE », un
ouvrage non pas sorti de la cuisse de Jupiter mais de l’outil scriptural très
fécond de Pierre Yves Lador ! Il s’agit d’une somme, quasiment le
couronnement de l’œuvre littéraire du grand PYM, de l’inaltérable et du
magistral auteur qui, de ses hauteurs, nous délivre sa weltanschauung. Le
monde, l’infini stellaire, l’humour, quelques-uns et moi-même
vraisemblablement, dans le personnage de Frédéric le catholique se retrouvent
au fil des 354 pages du joli volume des Editions Morattel. Si notre auteur
avait quelques velléités à se lancer dans une carrière de gourou, son Poussière demain - ou une cosmogonie à l’usage
des contemporains et des générations futures - ferait un récit prophétique et
révélatoire tout ce qu’il y a de plus crédible. On y trouve tout ce qui peut
concerner la nourriture spirituelle mais, de plus, la nourriture physique !
Lador a la précision de l’artisan horloger pour évoquer le menu de dîner et
goûter, une cuisine magique, propre à accompagner de roboratives conversations
philosophiques en mine de rien Et vous vous languirez de connaître bientôt les
vertus gustatives de l’impératoire (en tarte).
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