Nous ne
sommes pas du même bord politique, nous n’intervenons pas forcément sur les mêmes
points au Conseil Communal mais c’est avec un plaisir sincère que j’ai
officiellement salué notre prix Nobel au début de notre séance du mercredi 6
décembre 2017. J’ai, par la suite, eu le plaisir encore plus grand de le voir
vêtu d’un frac ! Habituellement, notre homme donne plutôt dans le look père
Noël en chemise hawaïenne. Cela m’a beaucoup touché qu’il m’offre un exemplaire
de « Parcours », son essai autobiographique scientifique fourre-tout.
Le texte est sympa, comme l’auteur, échevelé, comme souvent l’auteur, drôle,
pertinent, optimiste, toujours comme l’auteur et, indépendamment de la volonté
de l’auteur, un rien aveugle sur certaines choses. On mettra ça sur le compte
de l’optimisme.
Jacques
Dubochet est un excellent vulgarisateur, il s’intéresse à plus d’un domaine
hors de sa zone de confort, il fait l’effort de débrouiller ce qui lui paraît
obscur et, du coup, devient à son tour une référence ressource pour ses
lecteurs. L’éthique dans les sciences, la génétique, le changement climatique
sont des sujets à propos desquels notre illustre Morgien réfléchit, beaucoup,
et construit une opinion personnelle argumentée à valeur universelle. L’auteur
possède son style fait de ruptures, d’humour, d’à-coups et d’une syntaxe
décontractée ; c’est une voix et on aimerait l’écouter encore plus
longuement dans ses recensions scientifiques, ça ferait une excellente rubrique
dans la presse locale – pour une fois que l’on y lirait quelque chose
d’intelligent qui ne chlipote pas la plus grossière des manœuvres politiques –
bref, ce serait faire œuvre d’éveil public.
« Parcours »
traite aussi du … parcours de son auteur. Ce dernier l’admet, il a eu de la
chance, c’est toujours une grande chance de naître dans une famille éduquée,
sensée, sans problème financier… Ça vous change la perspective. Jacques
Dubochet a même réussi à faire de sa
dyslexie un atout, il l’avoue. Il a eu la chance d’être « tombé » sur
les bons enseignants. J’en connais qui, grandis dans des clapiers moisis,
quartier de prolos, n’ont fréquenté que les écoles primaires et secondaires de
prolos avec, il va sans dire, l’enseignement assorti et qui n’ont jamais pu
jouer de l’excuse avérée ou non d’une dys-je-ne-sais-trop-quoi-ie. Personnellement,
j’ai découvert il y a peu que j’étais dysorthographique si ce n’est dyslexique
ce qui expliquerait pas mal de choses. Enfin, les prolos qui n’ont pas de
chance, les HLM de lapins et l’éducation publique à l’avenant, ce n’est pas
chez nous, ce n’est pas à Morges, ça se saurait … Tenez, la preuve, même sans avoir été
correctement diagnostiqué j’ai réussi à devenir président du Conseil Communal.
Bref, les chats ne font pas de chiens et les socialistes ne font pas d’UDC.
Revenons à
l’angle mort, une certaine vision d’une réforme écologique qui se trompe d’étage.
Oui, les histoires d’empreinte carbone, de surconsommation des ressources, de
développement durable et autres sont de première importance mais il faut
regarder le problème dans son ensemble avec un rien de distance. Le climat a
toujours changé, l’activité humaine n’est qu’un facteur, aggravant diront
certains, l’historien vous dit qu’il y a des cycles et que chaque problème
appelle une solution, et le problème, en l’occurrence, s’appelle
surpopulation ! Pour revenir aux susmentionnés lapins, il faudrait
peut-être arrêter de se multiplier. Quelle est l’empreinte carbone de chaque
nouvelle vie ? Il faut que le consommateur soit responsable et pourquoi
cette exigence de responsabilité ne s’étend-elle pas aux
géniteurs/trices ? Notre économie saurait très bien faire avec une main
d’œuvre de robots pour une production durable de qualité destinée à une
population appelée à diminuer à terme. Evidemment, ça ne fait pas le jeu de la
finance, de ses promesses à courte visée et de son modèle basé sur une
croissance perpétuelle. Il faut rompre avec la pression sociale qui veut qu’une
vie de couple aboutie donne du fruit, une descendance ! Et si vous tenez
absolument à transmettre votre nom, adoptez, il y a bien assez d’orphelins malheureux
dans les pays en voie de développement. Ce droit impérieux à « avoir des
enfants » à tout prix se fait au détriment de notre avenir commun. 7,55
milliards d’individus humains sur terre au 1er juillet 2017 !
Je n’ose imaginer à combien s’élève ce chiffre aujourd’hui. Pour qu’un individu
humain puisse devenir un être humain, il a besoin de minimas : attention,
éducation, espace, projets, avenir. Sans cela, on oscille entre le bout de
viande et la machine, une machine en viande, berk.
« Parcours »
ou un chemin de réflexion pour son lecteur.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire