samedi, juin 11, 2016

"Les Chevaux sauveurs" de Pierre Yves Lador

La littérature est une émotion qui repose sur elle-même, une sorte de cinquième goût, LE cinquième goût que l’on nous révèle tous les mois, en sus du sucré, salé, amer et acide. On nous sort le glutamate, le gras, le je-ne-sais-trop-quoi … En vérité, je vous le dis, et saint Mathieu de même, le cinquième goût, c’est la littérature ! « What else ?! » et tout le reste n’est que garniture, à savoir l’intrigue, le suspens, les scènes de turlutes, les révélations, etc. Le dernier Lador est hors d’atteinte, hors circuit, hors temps et donc parfaitement essentiel. « Les chevaux sauveurs » ou le recueil ultime de notre très nécessaire PYL, ou les meilleures nouvelles d’une plume d’une délicieuse incontinence.

Plus sérieusement, les amateurs y reconnaîtront le savoir-faire du maître, les néophytes découvriront une introduction aux univers ladoriens. Le verbe est efficace, propre à susciter émotions et réflexion, à inviter à la poursuite de la composition de ces mondes, à suivre le regard de Pierre Yves sur les riens de ses promenades, des riens auxquels s’attache son esprit. Le maître n’a plus rien à prouver à personne, il n’a pas besoin du coup de gueule ou d’éclat qui le fera appeler sous la lumière aveuglante des plateaux télé, faire le singe savant, évoquer un parcours « atypique ». Ah ! le journalisme prêt-à-porter et ses formules toutes faites qui vont quasi à tout le monde et bien à personne. Il pourrait choisir un vêtement ou une posture fétiche, une maque, un logo … Sa barbe fleurie en mode Charlemagne ?! Pas mal. A charge des éclairagistes de la RTS de rendre le modelé, le ciselé de la chose avec la même exactitude que l’auteur a à nous raconter la moindre anfractuosité rencontrée au fil de ses déambulations.

Il y a de la bibliothèque universelle chez Lador, celle qu’il compose et redéfinit chaque jour que Dieu lui prête, comme un cheminement innovant qu’il imagine à l’attention du lecteur-promeneur de son œuvre et de celle de tous les autres. Déformation pédagogique du bibliothécaire, sagesse bienveillante de l’instruit et tant plus que nous autres, les bonnes troupes de la littérature romande. Qui pourra jamais rendre à Lador ce qu’il a donné sans compter aux lettres de ce coin de pays. Il en a découvert des jeunets prêt à bouffer le monde (et il l’ont bouffé), des sauvages, des lointains, des rêveurs, etc. Pas un, je vous le dis et saint Mathieu de même, qui n’ait un souvenir avec PYL le Grand, le débonnaire, pas un qui ne lui doive un coup de pouce, une attention, un mot encourageant. Et notre auteur nous signe un recueil de nouvelles aussi frais que la prose d’un nouveau venu. On souhaite que cela continue ; à quand le suivant ? A quand sa prochaine visite, mine de rien, verdeur perpétuelle et mot taquin. Que ferait-il des honneurs ? Un roman homérique ou une aimable page, un peu de cette littérature savoureuse dont il a le secret et dont nous sommes tous friands.





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