La littérature est une émotion qui repose sur elle-même, une
sorte de cinquième goût, LE cinquième goût que l’on nous révèle tous les mois,
en sus du sucré, salé, amer et acide. On nous sort le glutamate, le gras, le
je-ne-sais-trop-quoi … En vérité, je vous le dis, et saint Mathieu de même, le
cinquième goût, c’est la littérature ! « What else ?! » et
tout le reste n’est que garniture, à savoir l’intrigue, le suspens, les scènes
de turlutes, les révélations, etc. Le dernier Lador est hors d’atteinte, hors
circuit, hors temps et donc parfaitement essentiel. « Les chevaux sauveurs »
ou le recueil ultime de notre très nécessaire PYL, ou les meilleures nouvelles d’une
plume d’une délicieuse incontinence.
Plus sérieusement, les amateurs y reconnaîtront le
savoir-faire du maître, les néophytes découvriront une introduction aux univers
ladoriens. Le verbe est efficace, propre à susciter émotions et réflexion, à
inviter à la poursuite de la composition de ces mondes, à suivre le regard de
Pierre Yves sur les riens de ses promenades, des riens auxquels s’attache son
esprit. Le maître n’a plus rien à prouver à personne, il n’a pas besoin du coup
de gueule ou d’éclat qui le fera appeler sous la lumière aveuglante des
plateaux télé, faire le singe savant, évoquer un parcours « atypique ».
Ah ! le journalisme prêt-à-porter et ses formules toutes faites qui vont
quasi à tout le monde et bien à personne. Il pourrait choisir un vêtement ou
une posture fétiche, une maque, un logo … Sa barbe fleurie en mode Charlemagne ?!
Pas mal. A charge des éclairagistes de la RTS de rendre le modelé, le ciselé de
la chose avec la même exactitude que l’auteur a à nous raconter la moindre anfractuosité
rencontrée au fil de ses déambulations.
Il y a de la bibliothèque universelle chez Lador, celle qu’il
compose et redéfinit chaque jour que Dieu lui prête, comme un cheminement
innovant qu’il imagine à l’attention du lecteur-promeneur de son œuvre et de
celle de tous les autres. Déformation pédagogique du bibliothécaire, sagesse
bienveillante de l’instruit et tant plus que nous autres, les bonnes troupes de
la littérature romande. Qui pourra jamais rendre à Lador ce qu’il a donné sans
compter aux lettres de ce coin de pays. Il en a découvert des jeunets prêt à
bouffer le monde (et il l’ont bouffé), des sauvages, des lointains, des
rêveurs, etc. Pas un, je vous le dis et saint Mathieu de même, qui n’ait un
souvenir avec PYL le Grand, le débonnaire, pas un qui ne lui doive un coup de
pouce, une attention, un mot encourageant. Et notre auteur nous signe un
recueil de nouvelles aussi frais que la prose d’un nouveau venu. On souhaite
que cela continue ; à quand le suivant ? A quand sa prochaine visite,
mine de rien, verdeur perpétuelle et mot taquin. Que ferait-il des honneurs ?
Un roman homérique ou une aimable page, un peu de cette littérature savoureuse
dont il a le secret et dont nous sommes tous friands.
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