Depuis le salon d’été, où j’ai pris l’habitude de
travailler, je jouis de la vue calme du lac, les Alpes, la France voisine. Il s’agit
d’un panorama à la Gracq, frontière et paysage. Vendredi soir, j’étais au
téléphone avec Christine, Berlin, des nouvelles du Schweizer Verein, de la
paroisse Sankt Hedwig, de la vie dans mon cher Brandebourg.
23h30, je raccroche. La table est encombrée de livres, une
théière, une tasse en Lomonosov. C’est un décor hors d’âge ; ce pourrait
être un intérieur à la Green ou à la Mauriac. La paroi de la montée d’escalier
est couverte de gravures anciennes, monuments et vues pittoresques, dans un
goût bourgeois suranné. Plus personne ne veut de ce genre de chose, symbole d’élégance
des intérieurs chic jusque dans les années 80. Une autre époque. Les marches
craquent sous mes pas. Je m’apprête à aller me coucher, réunion politique le
lendemain, lever à 7h. La salle et le séjour sont dans la pénombre, Cy. s’est
endormi sur le canapé avec le chien. La télévision est allumée, programme
spécial, un bandeau rouge au-bas de l’écran. En quelques mots, tout est raconté.
J’éteins, réveille Cy. qui gagne son lit. Dans un demi-sommeil, il me dit les
attentats à Paris. « Je sais … » et par ces deux mots j’ai conscience
que nous sommes passés dans un après.
Il est tard. Sur le chemin de mes « petits appartements »
- comme dans les grandes maisons, nous pratiquons la chambre à coucher séparée –
je dépose le chien dans son panier. Je sais, et depuis cinq minutes. Prendre
des nouvelles amis sur Paris via les réseaux avant d’être inquiet, tout est OK,
0 Killed, pas de morts parmi ceux de ma connaissance. Quant aux autres, les
chiffres enflent à vue d’œil, demain sera là assez tôt pour s’en horrifier. Et
après ? Nous sommes déjà dans cet après et je ne sais pas comment nous y
vivrons ?!
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