Des gamins mal-élevés, trop riches, trop beaux, si
talentueux et si peu sûrs d’eux-mêmes. La mode et l’époque leur donnent raison,
même l’intelligentsia, même la littérature a pour les jeunes merdeux violents
les yeux de Chimène. Soyez méprisants, cassants, violents, soyez grossiers,
hautains et orgueilleux, soyez au-dessus, contre et toujours mieux, si vous
avez un nom, de l’argent, du prestige vous êtes donc un
« winner » !
« The Riot Club », vu lors d’une après-midi
vaseuse d’après-fête, ne m’a pas attiré par son affiche – pas un acteur que je
connaisse ; toutefois, je les reconnais tous, déjà vu dans une série télé
ou une production qui tache – sa réalisatrice (Lone Scherfig) ne me dit rien
non plus … C’est peut-être la subtile et délicate atmosphère d’Oxford, décor du
récit, qui m’a interpelé. Plus prosaïquement, l’horaire de la séance m’arrangeait
bien.
Le scénario est efficace, léché, aussi bien ficelé que celui
d’un téléfilm, première partie de soirée. Des jeunes gens entrent à l’université
et on se répète la légende de Lord Ryot, viveur, buveur, coureur et brillant
scientifique qui au XVIIIème s’est fait embrocher par un énième mari trompé qui
ne goûtait pas l’esprit du bonhomme. Depuis la mort de ce débauché, en mémoire
de son inconduite « glorieuse », ses proches amis de soûlerie fondèrent
le Riot Club. Dix étudiants, les plus brillants, les plus délurés se succèdent de génération en génération autour de la table
des libations de ce cénacle. Il s’agit juste d’un petit club élitiste de « happy
few » snobinards qui se donnent des airs … Avec la rentrée à Oxford, nous
suivons deux étudiants que tout oppose. L’un est issu d’une grande lignée, il
se doit de porter son titre, son rang, d’être au niveau de la réputation de sa
maison. Et l’autre, un bon garçon, bon milieu soit, mais une conscience qui
prime sur le titre. Les deux vont être reçus nouveaux membres au sein du « prestigieux »
Riot Club.
En quoi consistent les activités d’un tel cercle ?
Boire, vomir, vandaliser une salle de restaurant, témoigner de son rang en
arrosant les éventuels plaignants de leur sale argent et passer à tabac le
patron du bistro, à défaut d’une pipe collective, la professionnelle convoquée
ayant refusé de travailler dans de telles conditions. Frustration. Dans ce
monde si poli, si élevé, si choisi, de jeunes coqs ne trouvent rien de mieux
que de témoigner d’une violence gratuite, une histoire hormonale certainement,
moyen comme un autre d’évacuer l’énergie d’une sexualité confuse et contrariée.
Etre riche et casser du prolo comme être islamiste et assassiner des
journalistes, question de libido pervertie, de lacune éducative et de pose
pseudo-morale, défendre des valeurs qui n’en sont pas … Je m’égare.
D’une certaine façon, la future classe dirigeante n’a-t-elle
pas l’obligation d’être formée au mépris ? Histoire de pouvoir exercer le
pouvoir, le jour venu, sans inutile sensiblerie ? Lone Scherfig soutient semble
soutenir cette thèse, dans une scène finale subtile, qui laisse songeur et anglophobes. La conscience exclura le
gentil, le cynisme et l’esprit de clan ouvrira des portes à l’immoral. Un
mauvais conte d’une belle photographie.
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