Retour sur « Chants dilettantes d’un fainéant
éduqué » d’André Ourednik, une œuvre de jeunesse, un recueil poétique
sous-titré « au rythme des saisons et des manies ». Je ne connaissais
pas l’auteur, pas de manière personnelle, de nom, oui, nous avons – aussi –
publié dans la même maison. Au Livre sur les quais, nous étions assis côte à
côte. André dédicaçait ses « Contes suisses » aux éditons Encre
fraîche. J’ai toutefois été attiré par un petit volume plat, illustré d’un
dessin … évocateur, l’esthétique poétique, faite d’évocations et d’élisions.
André a publié ce recueil alors qu’il n’avait que 24 ans et
l’œuvre brille d’une jeunesse éternelle, d’une révolte délicatement décadentiste,
de beaux élans littéraires, d’une geste classique lorsqu’on a 24 ans.
…
et on est la jeunesse dorée
la récolte des efforts
de la dernière guerre
et de toutes celles d’après
chez eux
mais c’est quand même eux
qui putréfient
en proie aux vers
et aux badauds paresseux
mes amis qu’on repêche dans un lac
ou dans les chiottes d’un bistrot
chez nous
victimes d’un massage de cœur
pour remettre les visages en route
…
Extrait de chez nous
Le texte parle de soi, tout le recueil est de la même eau, quelques
incursions en langue anglaise et allemande, une inspiration éminemment lettrée,
la référence culturelle classique assumée, l’ironie classieuse, juste la touche
d’érudition assumée qui évite à l’auteur les travers poseurs du hipster.
Inutile d’en dire plus long, ce serait éventer le bouquet de cette poésie
authentique aux assonances si originales.
…
Longue vie au monde !
Et longue vie à notre incompétence sacrée !
Strophe finale de « 3ème Manifeste »
« Chants dilettantes d’un fainéant éduqué, au rythme
des saisons et des manies », André Ourednik, éd. L’Âge d’Homme, 2002
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