Par les rues de Bruxelles |
Une envie de
faire des infidélités à Berlin m’a pris, direction Bruxelles, en souvenir d’un
voyage plaisant que j’y avais fait il y a plus de dix ans. Je n’ai rien
retrouvé – ou si peu – de ce qui m’y avait plu. Je pense que, si j’avais été un
étranger à Lausanne, revenu dans la capitale vaudoise après un premier séjour
il y a plus de dix ans, je n’aurai pas été moins déçu ! Mais revenons à
Bruxelles.
Etat des lieux.
La ville est sale, désorganisée, ses transports pourraient être efficaces si
gares est stations étaient plus accessibles et si l’utilisateur
occasionnel pouvait trouver plus souvent,
voire même posséder, un petit plan schématique des lignes de métro et de tram.
Et je ne parle même pas des bus. Autre problème, les arrêts, à l’intérieur des
voitures ne sont pas clairement signalés. De plus, on cultive à Bruxelles le
goût du labyrinthe, particulièrement dans les stations accueillant conjointement des lignes de tram et de
métro ; les chemins menant à l’un ou l’autre de ces modes de transport
sont étanches, à savoir, votre station, une fois que vous y êtes, ne se
présente pas sous la forme d’un vaste hall avec un accès métro et un accès tram
(étonnement, les grandes lignes de tram sont souterraines dans la capitale
belge !?) selon la bouche de « métro » de votre station (et
consécutivement de tram aussi) empruntée en surface, vous accéderez soit à l’un
ou à l’autre, ou aux deux. Le piéton n’est pas en reste dans ses difficultés.
Les noms des larges boulevards et avenues sont indiqués une fois de temps en
temps. Il n’est pas rare qu’au sortir d’un transport, vous soyez obligé de
parcourir cinq-cents mètres avant de trouver une plaque vous signalant que vous
êtes à l’opposé de là où vous vouliez vous rendre. Au chapitre de ce qui manque,
on peut encore ajouter : des boulangeries et des tea-rooms. En deux jours
dans le « pentagone » (centre de Bruxelles de forme vaguement
pentagonale), je n’ai rencontré que 2 boulangeries et trois ou quatre cafés qui
s’auto-intitulaient « tea-rooms » sans pour autant correspondre aux
critères propres à ces lieux.
Ce qui ne manque
pas, ce sont les poubelles qui débordent, les paumés et autres laissés pour
compte en roue libre et en état d’ébriété. Difficile de trouver les
« beaux quartiers » et quand vous y êtes, vous foulez un pavé que les
herbes folles descellent et longez des façades fatiguées certainement d’avoir
attendu le retour improbable d’une bourgeoisie brillante. On ne compte plus,
non plus, les boutiques en liquidation, les arcades commerciales vacantes, les
avis de vente ou de location qui pendent ça et là aux fenêtres d’appartements
inoccupés. Et, parmi cette déconfiture,
le diocèse incapable d’entretenir et de rénover son patrimoine immobilier
évoque à mots couverts la possibilité de « désacraliser » l’une ou
l’autre de ses églises à Bruxelles afin d’en vendre les bâtiments.
Ce laisser-aller
général, ce désinvestissement social n’est que la conséquence du
communautarisme qui ronge la ville. Il y a, soit, le clivage wallons-flamands
mais il y a d’autres communautés qui semblent ne pas vouloir se mêler au tout,
comme une mayonnaise qui « tranche », et les fonctionnaires européens
ne sont pas les derniers dans ce jeu de déni de Bruxelles. L’une des rares rues
« habitées », la rue du Midi, est colonisée de bobos en tongs de
marque qui s’affichent comme des publicités racoleuses sur des terrasses où ils
dégustent de la crêpe au fromage de chèvre bio. Rajoutez à ce navrant tableau
une disneylandisation des sites historiques avec flux constant et quasi boueux
de touristes en car et il ne reste plus grand’chose de cette capitale singulière.
Pourtant, la
visite de la Grand-Place est toujours aussi prenante. L’impression est encore
plus magique de nuit, on arrive même à faire abstraction des trop nombreux
groupes de jeunes visiteurs ivres et braillards comme il se doit. Il y a aussi ces
points de vue sublimes sur un paysage urbain néo-babylonien sitôt que l’on
prend un peu de hauteur. Il y a eu la bonne surprise d’un restaurant bulgare,
« La vieille Maison » au coin de la chaussée de Waterloo et de
l’avenue Brugmann. Il y a encore le parc royal, le jardin botanique et le parc
du Cinquantenaire, il y a une certaine langueur à la fin du jour, due à une
lumière si pure que l’on se promet de, tout de même, revenir une prochaine
fois.
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