Fasanenstrasse par André Krigar |
Berlin représente la bonne vie calme et ample, heureuse et pleine, la simplicité de la liberté : le corps est libre, l'esprit aussi. Voici la ville où vous avez le droit d'être vous-même et, souvent, être soi-même signifie retrouver l'enfant indépendant que nous portons - sous quelques kilos de chaînes - cet enfant réfréné et maltraité à dessein dans nos sociétés mollement coericitives.
Le rapport à l'enfance et à son émerveillement tiennent une place importante dans l'oeuvre mauriacienne. Le petit François n'a de cesse de hanter ses lecteurs, de leur faire partager le monde sensible dans lequel s'est éveillée sa conscience. On connaît tout du bruit des feuilles mortes sous le pas de ses personnages, de l'odeur des sous-bois en été, du parfum poudré et légèrement moisi du salon des grandes demeures familiales. On souffre aussi avec l'auteur de tous ces manques, ces petits riens si importants quand on a sept, huit, douze et, même, dix-sept ans.
J'ai lu mon premier Mauriac à Berlin, je l'avais emprunté dans la bibliothèque de Christine chez qui je logeais à chacun de mes séjours. Ce me semblait un étrange hasard; aujourd'hui, je sais que le hasard n'y est pour rien. J'étais en état de recevoir les romans de Mauriac au-delà de leur aspect anecdotique, le petit genre littérature bien comme il faut que l'on "enfile" aux lycéens. J'étais libre et capable d'évaluer avec précision le poids de la moindre chaîne. Mauriac me parlait de ma propre coércition.
Dix ans après mon premier séjour berlinois, j'ai vu changer la ville; on a tenté d'en faire un disneyland pour bobos. Peine perdue. La ville a beau se couvrir de nouvelles constructions, de tours d'hôtels, de galeries commerciales et d'autres galeries dites d'art, les salons de thé se multiplient, les cafés avec de vraies personnes aussi. C'est une ville fervente qui se presse dans les églises catholiques, une Babylone qui, jamais, ne perdra son enfance.
Le rapport à l'enfance et à son émerveillement tiennent une place importante dans l'oeuvre mauriacienne. Le petit François n'a de cesse de hanter ses lecteurs, de leur faire partager le monde sensible dans lequel s'est éveillée sa conscience. On connaît tout du bruit des feuilles mortes sous le pas de ses personnages, de l'odeur des sous-bois en été, du parfum poudré et légèrement moisi du salon des grandes demeures familiales. On souffre aussi avec l'auteur de tous ces manques, ces petits riens si importants quand on a sept, huit, douze et, même, dix-sept ans.
J'ai lu mon premier Mauriac à Berlin, je l'avais emprunté dans la bibliothèque de Christine chez qui je logeais à chacun de mes séjours. Ce me semblait un étrange hasard; aujourd'hui, je sais que le hasard n'y est pour rien. J'étais en état de recevoir les romans de Mauriac au-delà de leur aspect anecdotique, le petit genre littérature bien comme il faut que l'on "enfile" aux lycéens. J'étais libre et capable d'évaluer avec précision le poids de la moindre chaîne. Mauriac me parlait de ma propre coércition.
Dix ans après mon premier séjour berlinois, j'ai vu changer la ville; on a tenté d'en faire un disneyland pour bobos. Peine perdue. La ville a beau se couvrir de nouvelles constructions, de tours d'hôtels, de galeries commerciales et d'autres galeries dites d'art, les salons de thé se multiplient, les cafés avec de vraies personnes aussi. C'est une ville fervente qui se presse dans les églises catholiques, une Babylone qui, jamais, ne perdra son enfance.
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