En Allemagne, on croit en la médecine, des soins pour tous afin de soigner des maux clairement identifiables, et on ne va pas mélanger les genres, donner dans les spéculations psycho-socio-philosophico-médicales. Le jeu consiste à étirer l’une ou l’autre étiquette jusqu’à recouvrir les symptômes que présentent le patient. Dans la clinique d’Alt Tegel, on a tout d’abord reçu fraîchement le trio improbable Ditmar-Robert-Eldride. Le jeune couté-tatoué donnait des instructions, la diva faisait mine de s’évanouir à chaque minute entre ses vocalises et le patient restait absent, silencieux, détaché. On les a crus sous l’emprise d’un psychotrope. Derrière une banque design, une réceptionniste au sourire tatoué lui-aussi s’est fendue d’un laïus propre à faire déguerpir avec douceur mais fermeté ce trio d’hurluberlus : « antécédents médicaux avérés … analyses ordonnées par le médecin de famille … surcoups probables … refus de la caisse maladie … caution de 3000.- , non, pardon, 5000.- € ». Sourire compris. Robert a tendu une carte bleue et glissé un « je vous en prie ». La demoiselle de la réception a pris le petit rectangle de plastique, réfléchissant déjà à sa prochaine bonne excuse afin d’éconduire ces trois cas relevant assurément de la psychiatrie. Alors qu’elle antiphonait le cantique de la liste d’attente, des délais légaux, etc., elle en laissa tomber son sourire quand son petit sabot numérique gloussa de contentement en recrachant un récépissé : le débit était abouti ! Tout est allé très vite. On a parqué ce patient accompagné dans une chambre claire oû on leur a proposé du thé, du café, du jus de fruit, des biscuits vitaminés, une assistance psychologique pour Eldride, un programme de sevrage pour Ditmar, des implants capillaires, une pédicure, un détartrage avec soin blanchissant et deux ou trois autres babioles wellnesso-esthético-médicalisante. Robert a dit oui à une grande tasse de thé vu le nombre de tubes d’urine qu’il avait à remplir.
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