Le souvenir de "Galande", de Jouhandeau (voir photo), ne veut pas faiblir ... J'en suis imprégné; je partage et la foi, et le mode d'observation, et la sexualité de l'auteur ... Incidemment, j'ai appris qu'il était gay, tiraillé entre la ligne de conduite prônée par une église très traditionnelle et sa sensualité. J'ai personnellement tranché par rapport à ce choix, n'en déplaise à l'administration scolaire ! Je ne vais tout de même pas me promener sous le masque de la banalité sociale pour ménager les complexes de l'élite vaudoise ... à laquelle j'appartiens accessoirement !
Pour faire suite à Jouhandeau, je suis retourné à mes amours mauriaciennes, la psychologie des potentats de province et l'art de vivre bourgeois. "Le Mystère Frontenac", un petit livre de poche à peine défraîchi, acheté 2€ chez un bouquiniste du carrer de Aragò. J'ai connu Mauriac à Berlin, je l'ai rencontré dans la bibliothèque de Christine. Je l'ai croisé à plusieurs reprises aux puces de la Boxhagenerplatz. Remarquez la figure de style, une belle synecdoque, car je considère le titre comme une part de l'auteur, de ce tout qu'est l'auteur, rapport à mon cannibalisme littéraire. Cet univers un peu désuet colle si bien à mon séjour demi-forcé vaudois. Demi-forcé car je serais tout à fait libre de n'être rien du tout ailleurs, comme le naufragé à tout à fait le droit de négliger la planche pourrie à laquelle il s'accroche pour ... se noyer ?! Je ne traite pas le canton, mon pays, le pays de Vaud de planche pourrie; la métaphore portait sur l'inconfort de ma situation et sur le hasard du sort qui m'a fait vaudois plutôt que zürichois ou, mieux encore, berlinois. Mon propos n'est pas là ... Je voulais juste dire que le poids de la bienséance locale, la réserve à laquelle tous seraient forcés - surtout s'ils ont des ambitions sociales - ne sont pas sans rappeler les moeurs de la province française de la première moitié du XXème siècle !
J'aurais aimé faire lire du Mauriac à mes élèves ... aux élèves qui m'ont été confiés pour six mois. Nous avons lu Bazin; cela leur a réussi. J'ai retrouvé dans leurs textes, sans les effets et le savoir-faire que donne le métier, la finesse d'analyse sociale et l'authenticité qui font d'un texte une part de l'auteur. J'espère avoir suscité chez eux cette sincérité, et l'adresse dont il ont fait preuve à se raconter au-delà de clichés d'jeuns (chats vaseux et de blogs sans orthographe). Je me suis même dit, après les avoir lus, que dans ce pays, mon pays, le Pays de Vaud, tout n'était donc pas perdu ...
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