L'auteur doit témoigner de son époque, de la réalité qui l'entoure ... de son monde avant tout ! L'auteur a la puissance particulière de projeter ses visions, ses espoirs et ses craintes ... Il a le talent d'agencer son entour et la création tout entière, en faire un tout cohérent, beau et intelligible. La pensée est créatrice. Les mots sont oints du Sens.
Plus prosaïquement, j'ai cessé d'habiter la ville où je séjourne, je me suis détaché d'un rapport quasi romanesque avec des lieux. Et, pour des raisons que je ne m'explique pas, les bus, les cafés, la foule, tout m'est devenu odieux sous le soleil caniculaire et je me suis mis à tituber dans un décors mort, je me suis laissé emplir par le hasard d'un monde décousu et pas très intéressant, fait de chewing-gums collé sur le bitume, de jeunes filles d'une vulgarité inversement proportionnelle à leur âge. J'ai sombré dans des histoires de cuisinière en panne, de contrat de travail en attente, de place à trouver pour des dossiers ... Cela est trop sale, pas même drôle, c'est une pollution.
"Il y a tant de belles choses à voir", je sors de la projection de "Stay". Je crois que le cinéma nous parle, il est notre pythie moderne et cette histoire en mille-feuilles narratif tragique m'a sorti de la vacuité commune des petits papiers à remplir, des mille choses inutiles que l'on est obligé de faire lorsque l'on ne vit pas sa vie et que l'on veut néanmoins la remplir. Tant pis pour les contingences, il suffit de ne pas leur accorder d'importance pour qu'elles se règlent d'elles-mêmes, elles sont si inexistantes comparées à la mélancolie des temps. Qu'importent les procédures de l'administration vaudoise en regard du génie de la musique baroque. Qui pourrait croire que c'est un "passe-temps" ! Les filles vulgaires, les chewing-gums et l'administration vaudoise sont des "hobbies" - et j'emploie à dessein cet anglicisme écoeurant - des "hobbies" un peu régressifs. Ce sont, au mieux, des embûches dans ma vie d'homme de lettres. Je ne céderai pas à ce pauvre réel troué. De nous deux, lui a bien plus besoin de mon talent que moi de ses "opportunités".
Jusqu'à ce mal-être, ces mille petits troubles, des histoires de sinus, d'allergie, de crépitements auditifs et de je ne sais trop quoi ... Je n'ai pas envie de vivre à travers mes "bobos" comme ces vieux rentiers qui ont gâché leur vie entière à n'en rien faire, ratatinés sur eux-mêmes. Et je suis aussi atrabilaire que ceux-ci par rejet, il s'agit de mon mode de défense, une façon de vomir les fausses préoccupations et les importuns. Cela ne me rend pas toujours très accessible à mes proches ni même très aimable ... Par bonheur, Nicolas, qui est un fort beau garçon, a le caractère encore mieux fait que le visage !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire