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samedi, avril 12, 2008

Die Heimreise


Il est revenu, comme on revient toujours ... Je l'avais attendu des semaines, j'ai toujours pensé qu'un jour je le trouverais derrière ma porte, à attendre, il était mon prince charmant. Il n'est pas revenu physiquement, il m'a juste demandé une autorisation d'apparaître parmi mes liens msn puis il s'est signalé. Il pense encore à moi. "Wenn du wieder single wirst, melde dich einfach. Ich nehme dich zurück". Quel mufle ai-je pensé. Lui, c'est "Traumprinz", une aventure autrichienne qui m'a mené à Vienne et qui aurait dû m'y retenir. C'était avant ... les événements, comment le dire autrement avec tact et discrétion. Pour mes lecteurs fidèles, ils sauront que je parle du petit village de C. où vécut ... Savez-vous que Brasillach parle de Mme de Staël en l'appelant aussi la grosse ! J'espère avoir autant de talent que cet auteur mais mieux finir que lui. Quoique j'aie toujours pensé que la bonne littérature menait à la prison ou à l'hôpital psychiatrique.

Il y a par la fenêtre ce printemps de suie et de bourrasques, quelque chose d'aussi beau que des cheveux gris sur une jeune tête. J'aime cette saison équivoque, anachronique et sans référant; elle laisse le loisir de la réflexion. Elle laisse le temps de s'accoutumer à la vulgarité de la belle saison. Et on a l'air moins bête dans l'indécision. Je serai l'auteur qui donne de la saveur à tous vos instants de rien, au temps dit perdu, aux attentes vaines, aux creux de la vie, attente d'ascenseur, manoeuvre de parcage, file à la caisse. Impossible de nous priver de ce temps résiduel, impossible de l'aménager, de le contrôler : il reste imprévisible. Je suis l'auteur de ce qui n'a apparemment ni sens ni intérêt. Je laisse les jolis combats d'avant-garde et les sujets d'actualité aux gentilles scriboullonnes qui flattent plus la fibre fantasmatique des marchands de soupe que l'esprit des lecteurs. Il y a aussi les mille précautions que les agités "sérieux" de la plume prennent, leur caution morale pour nous parler de leur banale banalité ... berk, des histoires de famille (quand j'entends ce mot, je sors mon revolver), avec mioches et clebs ... Je préfère de loin ma saison équivoque et mon mufle charmant, pardon, mon prince - mufle - charmant.

Si j'étais à Berlin, Vienne ou Barcelone ... Qui a dit "et bien vas-y, on ne te retient pas ..." Je pourrais me raconter de jolies histoires de bonne vie un livre à la main, l'un de ces auteurs si proches de nous, début du XXème, vous savez, avant la seconde chose mondiale, le grand malaise et les solutions qui n'en sont pas. Je ne ferais que fuir. "La Dignité", mon essai autofictif, est terminé depuis plusieurs mois, prêt à la publication, sortie en octobre, et Laharpe n'a pas besoin de beaucoup voyager (les "Mémoires d'un Révolutionnaire"). Je ne sais pas si l'Etat de Vaud est pressé de lire ce travail qu'il a financé, la bourse 2007 à l'écriture. Et sans oublier mon chantier de Gayromandie ni Cr. qui n'apprécie guère mes "fugues".

mercredi, juin 20, 2007

Sans titre lausannois

Ne croyez jamais un auteur, ne vous attachez pas aux ingrédients de sa cuisine : il n'y a que le geste qui compte, le mouvement ample et souple de la phrase qu'il délie au fil de sa pensée, dans l'intimité de ce lieu qu'il offre aux regards et qu'il dérobe à la compréhension d'autrui tour à tour. Je pourrais être à la cafétéria si chic du Bon Génie, en plein après-midi ensoleillée, pas même dérangé par le souffle de la climatisation. Je pourrais être au café Schilling à Barcelone ou au Bério, à Berlin ... Je suis tout du moins dans le texte, je fais corps avec lui et lui insufle une vie propre, effet du talent. Vantard ? Non, conscient de ma valeur n'en déplaise aux vilains qui m'ont si mal lu.

Ne croyez pas tous les mensonges que l'écriture exige, toutes ces contorsions permettant le rendu savoureux d'une banalité "aussi plate qu'un trottoir de rue sur lequel les idées communes défilaient dans leur habit de tous les jours." (Madame Bovary, première partie, une description de Charles Bovary que je cite de mémoire) Je n'ai pas le courage de me lever rechercher l'une ou l'autre édition - dépenaillée - de ce roman; j'en ai plusieurs exemplaires en format de poche, employé chacun dans l'un ou l'autre des cours que j'ai pu donner sur Flaubert jusqu'à présent. Et si je vous racontais la touffeur de cette nuit lausannoise, cette moiteur dilatée qui pèse sur toute chose et gonfle nos membres, nous rend ivre et maladroit, vous ne pourriez que me croire.


Ce soir, j'ai donc retrouvé cette Lausanne anciennement aimée, je l'ai retrouvée bruissante d'intrigues et d'ambition, de jeunesse et de séduction; comme une épouse qui orgueilleusement compte s'affirmer dans la réussite de l'époux. Belle et attentionnée tant que cela participe à son ascension, à l'ascension de celui à qui elle s'est donnée, donc à son ascension en retour. Elle se rappellera -même - la timidité de vos dix-huit ans, à l'époque quand vous ne saviez pas mentir, quand vous étiez tout entier dans la moindre virugule.