vendredi, juillet 08, 2016

"La Lumière des Césars", premier extrait.




"La Lumière des Césars", projet uchronique, se divise en trois romans, dans un premier temps, il y en aura peut-être d'autres. "L'Affaire Julia" est le premier roman de cette saga en devenir, prise de contact avec le personnage central, son univers, ses origines. Le passage ci-dessous et le tout début de ce texte.

« Le grand Thomas a dit sans les mains, le grand Thomas a dit sans les dents, le grand Thomas a dit avec la langue … » Steeve se soulève violemment de son oreiller, repousse les draps, reprend son souffle en se tenant la tête. « Merde ». Il entend encore la voix nasillarde lui crier les ordres d’un jeu obscène. Il jette une main devant lui, disperser la grimace d’un faciès de Grand-Guignol. Il fait trop chaud dans cette chambre, fenêtres fermées, store baissé. On entend nettement la musique qui s’échappe des voitures arrêtées aux feux, en contrebas. La circulation n’est pas plus dense que d’habitude. Steve se lève et renverse une bassine qui roule sous le lit. Le jour touche à son extrême fin. « L’heure bleue », susurre-t-il, « l’heure exquise des amants secrets … » Un « cinq-à-sept » pense-t-il in fine et reste nu dans la pénombre, ruisselant de sueur, aussi trempé que son plancher. Hier au soir, le couple de vieux maboules du dessus l’a inondé. Vieilles carnes négligées par leurs enfants pas loin d’être aussi grabataires qu’eux. A eux deux, les maboules font dans les 189 ans. Elle est sourde et prend de puissants somnifères ; lui a une ouïe encore bonne mais souffre de démence sénile. Chaque nuit, il déplace les meubles, joue avec le mixer, essaie du peu de force qui lui reste de mettre en fuite la mort qui passe des moments de plus en plus longs auprès de lui. Hier soir, à plus de 2h du matin, il n’a rien trouvé de mieux que de faire couler l’eau en cataracte. La colonne d’évacuation de la maison étant sclérosée par près de soixante-dix ans de vaisselle graisseuse et de restes alimentaires, l’évier des maboules du dessus a débordé jusque dans l’appartement de Steeve.

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