samedi, juillet 13, 2013

Retour de Bruxelles



Par les rues de Bruxelles

Une envie de faire des infidélités à Berlin m’a pris, direction Bruxelles, en souvenir d’un voyage plaisant que j’y avais fait il y a plus de dix ans. Je n’ai rien retrouvé – ou si peu – de ce qui m’y avait plu. Je pense que, si j’avais été un étranger à Lausanne, revenu dans la capitale vaudoise après un premier séjour il y a plus de dix ans, je n’aurai pas été moins déçu ! Mais revenons à Bruxelles.

Etat des lieux. La ville est sale, désorganisée, ses transports pourraient être efficaces si gares est stations étaient plus accessibles et si l’utilisateur occasionnel  pouvait trouver plus souvent, voire même posséder, un petit plan schématique des lignes de métro et de tram. Et je ne parle même pas des bus. Autre problème, les arrêts, à l’intérieur des voitures ne sont pas clairement signalés. De plus, on cultive à Bruxelles le goût du labyrinthe, particulièrement dans les stations accueillant  conjointement des lignes de tram et de métro ; les chemins menant à l’un ou l’autre de ces modes de transport sont étanches, à savoir, votre station, une fois que vous y êtes, ne se présente pas sous la forme d’un vaste hall avec un accès métro et un accès tram (étonnement, les grandes lignes de tram sont souterraines dans la capitale belge !?) selon la bouche de « métro » de votre station (et consécutivement de tram aussi) empruntée en surface, vous accéderez soit à l’un ou à l’autre, ou aux deux. Le piéton n’est pas en reste dans ses difficultés. Les noms des larges boulevards et avenues sont indiqués une fois de temps en temps. Il n’est pas rare qu’au sortir d’un transport, vous soyez obligé de parcourir cinq-cents mètres avant de trouver une plaque vous signalant que vous êtes à l’opposé de là où vous vouliez vous rendre. Au chapitre de ce qui manque, on peut encore ajouter : des boulangeries et des tea-rooms. En deux jours dans le « pentagone » (centre de Bruxelles de forme vaguement pentagonale), je n’ai rencontré que 2 boulangeries et trois ou quatre cafés qui s’auto-intitulaient « tea-rooms » sans pour autant correspondre aux critères propres à ces lieux.

Ce qui ne manque pas, ce sont les poubelles qui débordent, les paumés et autres laissés pour compte en roue libre et en état d’ébriété. Difficile de trouver les « beaux quartiers » et quand vous y êtes, vous foulez un pavé que les herbes folles descellent et longez des façades fatiguées certainement d’avoir attendu le retour improbable d’une bourgeoisie brillante. On ne compte plus, non plus, les boutiques en liquidation, les arcades commerciales vacantes, les avis de vente ou de location qui pendent ça et là aux fenêtres d’appartements inoccupés.  Et, parmi cette déconfiture, le diocèse incapable d’entretenir et de rénover son patrimoine immobilier évoque à mots couverts la possibilité de « désacraliser » l’une ou l’autre de ses églises à Bruxelles afin d’en vendre les bâtiments.

Ce laisser-aller général, ce désinvestissement social n’est que la conséquence du communautarisme qui ronge la ville. Il y a, soit, le clivage wallons-flamands mais il y a d’autres communautés qui semblent ne pas vouloir se mêler au tout, comme une mayonnaise qui « tranche », et les fonctionnaires européens ne sont pas les derniers dans ce jeu de déni de Bruxelles. L’une des rares rues « habitées », la rue du Midi, est colonisée de bobos en tongs de marque qui s’affichent comme des publicités racoleuses sur des terrasses où ils dégustent de la crêpe au fromage de chèvre bio. Rajoutez à ce navrant tableau une disneylandisation des sites historiques avec flux constant et quasi boueux de touristes en car et il ne reste plus grand’chose de cette capitale  singulière.

Pourtant, la visite de la Grand-Place est toujours aussi prenante. L’impression est encore plus magique de nuit, on arrive même à faire abstraction des trop nombreux groupes de jeunes visiteurs ivres et braillards comme il se doit. Il y a aussi ces points de vue sublimes sur un paysage urbain néo-babylonien sitôt que l’on prend un peu de hauteur. Il y a eu la bonne surprise d’un restaurant bulgare, « La vieille Maison » au coin de la chaussée de Waterloo et de l’avenue Brugmann. Il y a encore le parc royal, le jardin botanique et le parc du Cinquantenaire, il y a une certaine langueur à la fin du jour, due à une lumière si pure que l’on se promet de, tout de même, revenir une prochaine fois.

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