mercredi, juin 12, 2013

Vallotton et moi


Vallotton et moi

Coucher de soleil à Grâce, par Félix Vallotton
Vu, peu avant qu’elle ne ferme ses portes, l’exposition Vallotton-Katz au musée des Beaux-Arts. Dialogue surprenant entre les deux artistes qui ne se connaissaient pas, deux artistes dont les œuvres sont distantes de plus de soixante-dix ans. Katz naît en 1927, Félix est mort en 1925. Le plus jeune ne s’est jamais réclamé de son aîné, il le connaissait à peine de nom. Il a pleinement fait connaissance de l’œuvre de Vallotton à l’occasion de la double exposition lausannoise.

Sunset, d'Alex Katz
 Les deux artistes dépassent toute forme de classement, ne sont attachés à aucune école, ou si peu. Ils partagent un regard aigu sur le monde qui les entoure, un regard qui fait d’eux des solitaires, des hommes en retrait, la petite musique de la mélancolie qui m’est si familière. Chez Katz, cette mélancolie a la douceur d’une arrière saison américaine, lumière atlantique, un quelque chose à la Hoper. Vallotton a moins de souffle, sa douceur est souffreteuse, retenue et porte sur mille petites choses domestiques. Vallotton aime la grande ville, son anonymat, sa vie intellectuelle mais il a besoin de la paix d’un certain nombre de campagnes choisies, de villégiatures de vieille fille. Il a laissé un journal, interprété de manière très conventionnelle par des « experts » qui ne veulent pas lire entre les lignes.

 Vallotton est des plus pudiques quant à son intériorité, ses sentiments. Aujourd’hui, il serait  transparent car incapable de vomir ses états d’âme sur un plateau télévisée ou dans la presse « people ». Sa pusillanimité ne ferait pas recette. Je m’interroge quant à mon illustre cousin, je le comprends sans la moindre parole et, surtout, sans le moindre commentaire autorisé. J’ai très envie de documenter son parisianisme, laisser parler la sensibilité de l’homme, entendre ce que je crois percevoir dans ses toiles, une biographie de Vallotton par Vallotton.

 

Aucun commentaire: