mercredi, septembre 03, 2008

Du côté de chez Mme W.


Je suis en vitrine du McCafé, la bonne ville vaudoise de V. où vécut Madame de W. J’observe le défilé dense et calme des voitures sur l’avenue de la gare, je pense à Berlin, un autre McCafé du côté du Görlitzer Park, la morsure vive de l’humiliation et le soulagement de me sentir protégé par la nuit berlinoise … J’y retourne sous peu, cinq jours en octobre, juste le temps de me dire que je suis tout de même libre, à peine embarrassé par quelques masques de circonstance, à porter selon …

Je sors de la lecture d’une revue littéraire, un hors-série qui a traîné dans le secrétaire Tudor, le séjour de mon vieil appartement, depuis une bonne année avant que je me décide à entreprendre sa lecture. « Les Ecritures du moi » : autobiographie, mémoires, autofiction et tous les genres apparentés, une petite mise-au-point sur ma propre pratique littéraire et sur le blog, aussi, que j’ai tenté de dépersonnaliser, de faire paraître plus « institutionnel », de quoi me le rendre étranger et sans intérêt. J’y ai bien bravement poussé la réflexion sur tout et rien, pris position mais qu’importe, les journaux sont remplis de toutes les positions que vous voudrez.

Le « je » n’est pas à prohiber tant qu’il est l’expression d’une authenticité, d’un geste sincère : la volonté de le donner à voir, de l’offrir au monde sous une forme travaillée et artistique. Je prêche pour ma chapelle, évidemment, je pense à ce « je » d’auteur, de la détresse discrète et suicidaire de Virginia Woolf à la lutte acharnée d’un Thomas Bernhard contre l’obstacle des autres. Et Guibert, évidemment, parce qu’il brille du sombre éclat d’un fétiche mensonger, mon adolescence bercée – bernée – par les promesses exorbitantes de l’universalisme mitterrandien. Il faut que j’achète « Le Froid » de Th. Bernhard, je vais passer dans la bonne libraire de V.


Je retrouve ce lieu, un ton, le blog comme l’exilé retrouve sa maison après … après ! On parlera de « fâcheux événements » et la maison est toujours là, le salon du rez presque pareil, une lampe est tombée, il manque deux ou trois choses, il faudra changer les rideaux. J’y trouve une joie discrète et du regret, à la fois ; on n’a de cesse de se référer à sa mythologie personnelle, d’y revenir et de la surimprimer à l’instant.

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