lundi, mai 26, 2008

Mea culpa


Mea culpa, je t’ai oublié mon lecteur … pour mieux me consacrer à ton service ! C'est-à-dire que j’ai beaucoup travaillé sur Les Mémoires d’un révolutionnaire (vaudois), sur les détails de la sortie de La Dignité et accessoirement sur la réorganisation de l’Association Vaudoise des Ecrivains. Tu me diras que cela sonne comme une « excuse » officielle … Mmoui … tu n’as pas tout tort. Il y a de la paresse et cette impression de perdre mon temps. Pas avec toi, mon lecteur, mes quelques lecteurs, mais plus généralement en terre vaudoise. Je me suis donné jusqu’en juillet de l’année prochaine, le grand départ, Berlin ! Il faut que j’y fasse un saut du reste, embrasser Christine et Libussa, organiser avec cette dernière une rencontre « fortuite » avec le directeur du lycée français.

Je me sens si loin de l’intimité que nous partagions il y a deux, trois ans, de cette liberté de ton, de cette connivence propre à l’auteur autofictiste et son lecteur : Carrie Bradshaw versée dans les lettres plutôt que dans les atermoiements de son minou. J’ai pourtant bien essayé de renouer avec la même franchise mais mon entour m’ennuie ou ressemble trop à une tragédie classique. Cela fait bien plusieurs mois que je vis totalement détaché des petits riens charmants d’une vie anecdotique. Les choses se sont figées dans la gravité et la dignité, c’est à peine si je sais comment font les chaussettes pour revenir dans le tiroir ; j’avais une attention « monacale » à ces riens plein d’enjeux et d’occasion de « philosopher ». A force de tirer des généralités de mon particulier, ma vie est réduite en équations, en théorèmes, en projections statistiques, je vis comme un fétiche antique dans un marbre existentiel …

D’autre part, je suis heureux de détonner parmi la médiocrité d’une condition sociale subalterne … Il y a peut-être de la fatuité dans la pause ; assurément mais ça ne dévalorise pas la relation à mes lecteurs. Je sens le claquement précis et amorti des touches du clavier alors que je tape ce texte, quelque chose de précis, de technique. Le toucher est à la fois évident et certainement issu d’une grande technicité. De manière identique, tout mon temps, ma vie, mes relations sociales et amoureuses sont tournées vers « l’œuvre » … Ah ! le grand mot qui fait peur, que manient avec fausse modestie les potentats intellectuels locaux … Tant pis, je l’assume, tout comme je ne vais pas me prétendre petit alors que je mesure 1m90 (quatre-vingts-dix, si, si, j’y tiens, je conchie le « nonante » dont je ne tire que la honte d’un style rural trop marqué). Je suis un auteur, je travaille donc à mon œuvre.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Cher Monsieur Valotton,

Je me permets ces quelques lignes, étant un lecteur assidu de vos chroniques sur Gayromandie.ch, que j'appprécie à tous égards, tant par leur style que par leur contenu, souvent très pertinent.
Il m'apparaît néanmoins nécessaire de m'insurger, d'aussi bas que cela puisse émaner, contre vos derniers propos.
Il me semble, qu'au travers de votre récent écrit - au demeurant fort bien rédigé - , et bien que cet avis n'émane que d'un modeste écrivain public,que ces propos soient un tantinet heurtants.. je ne peux résister au devoir que celui de m'insurger !
Que vous ne soyez petit - je l'admets volontiers - du haut de votre mètre 90, vous avez certainement une vue à laquelle d'aucun ne saurait prétendre.... Je ne me considère pas comme un potentat intellectuel, fut-ce t'il local, mais j'ose cependant m'insurger contre votre mépris d'un monde rural, que vous jugez trop marqué dans nos contrées.
Vous préférez le "quatre-vingt dix" au "nonante"... c'est votre droit le plus absolu...
Mais que vous "conchiez" ce terme, dont vous ne tirez - et je vous cite -" que la honte d'un style rural trop marqué"... c'en est trop !
"Conchier", selon mon vieux Larousse, est l'équivalent de "souiller de ses excréments"... le mot me paraît ici un peu fort...
Quand à "nonante", il vient bêtement du latin "nonaginta", toujours selon mon bon vieux Larousse.... et est essentiellement utilisé en Suisse romande ainsi qu'en Belgique... Seriez-vous d'avis que ces deux pays ne soient habités que par de vulgaires "bouseux" ?
Imaginez-vous, en tant que professeur de français, qu'on en vienne à admettre les "vingt-dix", les "trente-dix"... et j'en passe et des meilleurs ?
Si l'on suivait cette logique, pourquoi ne pas adhérer à ce postulat ?
Et si, quand bien même, ces deux pays, Suisse et Belgique, ne soient, à votre avis, peuplés que de vulgaires paysans, ne pensez-vous pas qu'ils mériteraient quand même toute l'estime que nous devons à cette classe sociale ? Après tout, c'est quand même grâce à elle que nous pouvons manger, et par là même, survivre.. Je pense, quand à moi, qu'ils méritent notre plus haute estime, et que parmi ces gens que vous semblez tant mépriser, il y en a qui sont tout aussi cultivés que vous et moi, ne le pensez-vous pas ?
J'ai eu, pour ma part, un ami très cher, agriculteur et vigneron, qui avait, de la littérature et des arts, une connaissance plus vaste que ses champs...
Je conclus par cet aphorisme de Monsieur de Beaumarchais : Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge véritable.

Frédéric Vallotton a dit…

Ah, monsieur, je n'ai rien contre la paysannerie mais j'en ai contre le style rural toc des bobos qui encombrent les villes ! Et mon "quatre-vingts-dix" est une toquade qui fait tiquer tout le monde par ici même si je suis un pur produit vaudois (arrivée des Vallotton au Pays de Vaud en 1492)