lundi, février 04, 2008

Séjour berlinois 01.02.08 - 03.02.08


Fuir, fuir ... mon stylo fuit, saloperie de trolley volant qui me les bousille tous les uns après les autres. Accessoirement, j'ai fui la pauvre Lausanne mais je n'arrive pas à être en joie ... Aurais-je quelques scrupules à planter tout et tout le monde avec une régularité métronomique. Il en va ainsi comme de la nature des oiseaux migrateurs. Et merde, avez-vous jamais essayé de vous contraindre à ce qui offusque votre vraie nature ? Oui ! Ne me reste qu'à vous souhaiter un joyeux cancer, un bel anévrisme, attaque cardiaque ou autres maladies auto-immunes. Je vous conseille, en sus un épitaphe de circonstance : "Il sut se sacrifier ... et accessoirement faire payer son mal-être à ses proches, ses collaborateurs, son poisson rouge, etc." Ça me rappelle l'histoire pathétique de mon arrière-grand-oncle, Louis*** d'Aubonne, clerc de notaire, officier de la brigade de pompier, un homme nanti et très respecté même s'il refusa un menu prêt à sa nièce - ma grand-mère - et même s'il laissait croupir ses vieux parents dans un rez-de-chaussée sombre et sordide à côté du boiton, avec le poulailler en annexe. Cet homme devait être gay. Les pompiers et les jeunes saisonniers italiens lui offraient suffisamment de possibilités pour qu'il vécût à peu près bien son homosexualité. Jusqu'à ce que la morale protestante, la notion du péché et la dépression ne le rattrapent. Il se suicida d'une balle dans la tête vers soixante-dix ans. Il avait, de plus, un neveu dont l'épouse, fille de cordonnier italien, fit les frais de sa xénophobie bon teint (il ne la saluait pas lorsqu'il la rencontrait dans le village). En dépit de l'attitude de sa belle-famille, elle soigna son époux et le reste de la fratrie jusqu'au tréfonds du grand âge et de l'alcoolisme.
Voici donc ma justification péquenaude vaudoise bon-teint. Ma grand-mère naquit d'une relation illégitime. Sa mère se résolut à l'abandonner à son frère, le clerc de notaire, qu'il l'élève, et ce contre sa part d'héritage. La famille *** possédaient de nombreuses vignes, bien exposées, et des biens immobiliers ... Le clerc de notaire, sitôt sa soeur disparue de l'autre côté de la frontière, mit sa nièce en orphelinat. Dès que l'enfant fut en âge de travailler, on la plaça. C'est à dire qu'elle devint dès dix ans une esclave domestique au service de cette engeance de cul-terreux, le genre ***, Ramuz et compagnie. Je tiens de ma grand-mère mon amour des villes, surtout les grandes villes et ma détestation du terroir et de la paysannerie profiteuse. Les chats ne font décidément pas de chiens. Et c'est pourquoi je fuis à Berlin. Cela me permet aussi d'y voir plus clair dans ma généalogie, mes rapports à la pauvre Lausanne, aux ayatollahs vaudois, aux bien-pensants de tout bord et faire mon métier d'auteur, de critique social.




Aucun commentaire: