dimanche, septembre 09, 2007

Samedi soir


J'observe les murs jaunis, renversé sur le lit, les objets, le satin fatigué du fauteuil, les tableaux aux murs comme si je les découvrais... Il suffirait de choisir ? Rien ne vaut le silence, à peine traversé par le battement d'une horloge, tout le familier charmant, les menus détails qui témoignent si bien de l'intimité. Je ne parle pas de ce genre papier-glacé-catologue-Ikéa-Maison&Jardin-Elle-Déco-pouffe-pédé-mode. Je pense à l'appartement de ma grand-mère, le mien y ressemble : deux pièces, des rituels domestiques et parfois un murmure ou le coup de fil à un proche. Il y a cette normalité assoupie, la douceur du temps accumulé.
Je reviens de la réunion du comité des Archives Gaies de Suisse. N'en déplaise aux culs pincés et à l'hypocrisie homophobe, dans ce pays on honore et respecte aussi la culture gay. On étudie même, décortique et met à jour les mécanismes de domination morale petit-bourgeois à travers les études de genre. Il ne s'agit pas de choisir entre "gayland" et l'appartement de grand-maman ... Des forces réactionnaires et irrationnelles sont à l'oeuvre, aussi verbeux que l'expression puisse paraître. Nous (je+communauté gay+autres minorités) ne pourrons pas faire l'économie d'un combat ... d'une lutte d'opinion, il va sans dire. Alors que j'écris ces lignes, je me souviens d'un certain sourire satisfait, mauvaise denture, vieille face chiffonnée, un très léger défaut de prononciation, des cheveux un peu trop rares et ce mauvais rinçage des salons de coiffure de province qui moire de mauve les cheveux gris. L'animal se reconnaîtra s'il me lit. Il fera mine de ne pas comprendre, prendra pour lui-même des airs faussement désolés et ne pourra s'empêcher de rester confusément inquiété.
Il a raison d'être inquiet car, "Monsieur, là où votre nom finit, le mien commence !" dixit Voltaire. Il y aura toujours des carrelages à damiers familiers et rassurants dans de discrètes entrées de service, il y aura toujours la puissance disproportionnée de la musique de Wagner mais pas de répit pour les pense-menus réactionnaires. Accessoirement, j'ai appris que ce pauvre Henri Guisan, notre général, était l'otage de son état major. Ce n'était apparemment qu'une pauvre coquille vide souffrant de Parkinson, nommé au commandement suprême en raison même de sa vulnérabilité. Faudrait-il y voir une généralité ?

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