lundi, juin 11, 2007

"Les Barricades mystérieuses"

J'avais oublié mon credo : "Nous sommes tous des étoiles, nous sommes tous des empereurs". J'avais oublié jusqu'à la mélodie charmante d'Angélique que j'avais coutume de siffler sous la douche du fitness de l'université. Cela m'est revenu ce dimanche, alors que je sortais de chez G., à Zürich, pas très loin de la Badenerstrasse où il y a justement un fitness de la chaîne à laquelle je suis abonné; je suis allé m'y entraîner.
Que Zürich est belle, et ses garçons plus encore. Et on sait se tenir ... Rien, absolument rien n'est laissé au hasard. Sitôt dans l'espace public, le Zürichois s'oblige à adopter une attitude digne et aimable. Les transports sont propres, les ados ne mettent pas les pieds sur les sièges, on ne laisse pas les dames debout. Je pense que Thomas Mann - cher modèle - devait particulièrement apprécier tant de correction. Jusqu'aux détestables bobos qui, sur les rives de la Limmat, ont un petit rien de franche élégance et ne renient pas leur extraction bourgeoise ce qui les rend fréquentables.

J'avais oublié cela ... Et la considération que l'on porte aux gens de lettres dans cette Suisse-là, et le respect de la chose publique, et le cas que l'0n fait de la politique. Je devrais m'y installer. Lorsque, en contrepoint, je pense aux pauvres gamins que je trouve dans mes classes, je me dis que personne ne leur a jamais dit qu'ils étaient des étoiles, qu'ils étaient des empereurs. Personne ne leur a appris à se rêver une couronne sur la tête ou sur les marches à Cannes, personne ne leur a appris la dignité. Ils ne savent qu'essayer de s'imposer par une contestation brouillonne et sans fond, un rien procédurière sur les bords.

Un peu d'air passe par la fenêtre ouverte, il pleuvine, j'ai l'impression d'être revenu d'un assez long voyage et de tout retrouver à peu près à sa place. D'être en tout cas à ma place, en écrivain attentif aux événements quoiqu'un peu au-dessus ou à côté. J'ai eu le plaisir, tout à l'heure, installé à la cuisine, exactement de la même façon que mon grand-père maternel, de lire le journal, Le Matin Dimanche en l'espèce. Les chroniques s'y enchaînent avec piquant et pertinence; tout esprit critique n'est pas mort en Suisse romande. Je me sens moins seul ... Ce soir, je retrouve presque le plaisir que j'ai eu à venir vivre à Lausanne ...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Well said.