jeudi, novembre 23, 2006

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Heureusement que je ne suis pas vénal, j'en aurais été malade ! A moins que mes antidépresseurs ne soient particulièrement efficaces. J'ai appris l'autre jour de la bouche verbeuse et pleine de commisération de je ne sais quel préposé officiel que je ne toucherai plus de salaire à partir du "18 novembre y compris" et que, voilà, voilà, et pendant ce temps mon chocolat chaud refroidissait et mon brave interlocuteur s'écoutait parler, et me conseillait de ne pas reprendre trop tôt, de me ménager ... J'ai failli pouffer de rire car m'est revenue à l'esprit la petite histoire de Marie-Chantale rencontrant un mendiant qui lui dit ne pas avoir mangé depuis trois jours. Et l'élégante de répondre "Ce n'est pas bien, mon brave, il faut vous forcer !" Bon, ça va pour cette fois, mon chocolat était encore buvable et mon interlocuteur semblait authentiquement compatissant. Je n'ai pas pu m'empêcher de raconter jovialement mon histoire à ma mère qui s'en est inquiétée. J'ai tenté de la rassurer avec un argument qui me semblait, ma foi, de poids. "La situation est sous contrôle pour cet hiver, j'ai acheté mon manteau sitôt les nouvelles collections en rayon !" Une affaire, vous devriez voir, un vêtement long et très chic, ça aura beaucoup d'allure par les rues de Berlin, pour les prochaines vacances. En attendant, je vais prendre mon bâton de pèlerin et m'en aller trouver les offices de pauvres de la place. On m'y reçoit toujours aimablement. Il était tout de même plus facile, par le passé, de faire sa cour à un prince, ça avait plus d'allure que de finir dans les antichambres aux moquettes trouées de l'administration communale ... Et pour le champagne, j'irai le boire avec Billy ! Attention, nouveau vernissage ce soir !
J'ai passé un début de semaine fort agréable, entre Jean-Michel Olivier et Golo Mann. Le premier parce que j'ai accepté de faire un discours à l'occasion de la remise du prix des auteurs vaudois dont il est le lauréat et le second, le cadet de Klaus et Erika, le fils de Thomas, le neveu d'Heinrich (et arrière petit-fils d'Hedwig Dohm) parce que je lis ses souvenirs de jeunesse, un pavé fort bien documenté, un peu poussiéreux parfois mais qui n'est pas sans rappeler le style Mann, c'est à dire de la rigueur, un sens certain de la dignité et une conscience pointue, voire pointilleuse de l'image sociale. Il était enseignant ... d'histoire et d'allemand ! Je dois avouer que, dans la tribu Mann, Klaus reste mon préféré. Je lui trouve l'esprit plus délié, un réalisme politique quasi prophétique et le parfum subtil et alléchant du scandale ... du scandale pour petits bourgeois. Klaus a du reste tiré le diable par la queue toute sa vie. Bienvenu au club !

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